samedi 1 avril 2017

On a parlé

C'était tellement inattendu. La façon dont tu t'y es pris pour venir me parler. J'ai d'abord vu ton visage planer au-dessus de la maison de mon enfance, celle que tu as construite de tes mains. J'ai pris ça pour une jolie pensée dans un premier temps, et rien de plus. C'était déjà beau de voir ton visage sage flotter au-dessus de cette maison. Tu veillais sur nous. Et puis j'ai ouvert les yeux à nouveau mais comme attiré par ta présence et cette belle image, j'ai refermé les yeux et me voilà plongé une nouvelle fois dans ce tableau. De plus en plus insistant, intense. Je me suis plongé dans cette scène mentale, je ne voulais plus la quitter. Tu nous protégeais, tu nous regardais tendrement de là-haut. Moi j'avais 8 ans, assis sur mon vélo rouge.

Et puis la scène a changé. Quand j'ai ouvert les yeux, je savais que tu étais dans cette pièce. Ta présence illuminait la pièce de cette lumière champagne que j'ai déjà vue plusieurs fois. Tu remplissais toute la pièce. Je ne te voyais pas avec mes yeux. C'est totalement diffèrent. Je fus surpris au départ. Je ne saisissais pas bien ce qu'il se passait. Puis je me suis détendu, offert, j'ai porté toute mon attention au moment. Et j'ai vite compris. Je n'avais même plus besoin de confirmation. Tu étais là. Tu souriais dans cette lumière indescriptible. Tu remplissais toute la pièce. Je n'avais qu'à poser une question et tu me répondais. On a donc dialogué, disons-le comme ça. J'ai rapidement commencé à pleurer, mais j'ai retenu ces larmes car je n'étais pas triste.

Tu m'as alors transmis plusieurs messages. Tu m'as dit que tu étais là chaque seconde, que si je pensais à toi, tu étais là. Tu m'as dit que tu veillais sur nous, mon frère et moi, nos enfants, Gisèle, et même ma mère, c'est dire si tu es devenu sage. Tu souris si tendrement. Tu m'as demandé de bien m'occuper de ta maison et de veiller sur mon frère. C'est tellement toi.
Tu m'as enfin dit d'arrêter de me faire souffrir. Car il n'y a pas de problème. Tu m'as montré cette lumière dans laquelle tu baignes et avec laquelle tu m'inondes. Il n'y a pas de problème. Ton message est simple : inutile de s'agiter ici. Et tu as eu ce sourire empli de calme. Tu m'as demandé de ne pas oublier qui j'étais, ce que j'étais, ce que nous sommes. Plus que tes mots, c'est cette lumière et la sagesse que tu dégages qui permettent de comprendre sans y réfléchir ce que tu transmets. Les mots, ici, sont bien impuissants.

Et puis tu m'as parlé de la vie. Tu m'as envoyé des images. De la bonne bouffe, un plat italien que je n'ai pas vraiment reconnu, comme des pâtes en sauce. Il y avait aussi une tablée avec mes amis, un verre de vin rouge, un amour et une joie si simples et amples. Tu nous enlaçais dans tes bras longs de deux kilomètres et tu étais heureux de nous proposer ça. Il y avait aussi cette jolie fille brune que je ne connais pas, sans doute italienne. Tu m'as dit avec un sourire malicieux que tu aimais bien les italiennes, brunes, forcément.
Pour finir, tu m'as clairement montré une chose. Tu m'as parlé d'Agnès, avec qui je fais un peu de musique. Elle chante, je joue. Tu m'as dit que tu te régalais à nous écouter jouer. Tu te poses là, tu nous observes et tu adores ça. Tu aimes bien cette fille, tu aimes bien sa douce façon de chanter, c'est ce que tu m'as dit. Je suis content de ça.

Ma reconnaissance est immense. Je ne peux plus te serrer dans mes bras mais je ne t'ai jamais autant aimé.
Embrasse Pépé, Mémé et Anais.